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jeudi 1 avril 2010

L'Accéssibilité dans Nouméa par Evelyne.

Comment trouvez-vous l'accessibilité de Nouméa pour les personnes en situation de handicap?




Pour tenter de répondre à cette question, nous avons décidé de prendre comme exemple Évelyne SANTINELLI. Cette personne semblait être la seule vraiment capable de nous parler de l'accessibilité à Nouméa. Cette femme devrait être un modèle pour toutes les personnes à mobilité réduite, étant donné qu'elle se déplace seule, en fauteuil roulant électrique dans les rues accidentées de notre ville.

L'entretien avec madame SANTINELLI s'est déroulé dans nos locaux, à l'Association de Parents d' Enfants Handicapés de Nouvelle-Calédonie (APEHNC.) Évelyne a 54 ans, elle souffre d'une maladie dégénérative orpheline qui la prive peu à peu de sa mobilité. Aujourd'hui, elle ne travaille plus mais auparavant, notre amie était Standardiste et réceptionniste dans une compagnie de transports internationaux et transitaire; et ensuite Aide comptable chez un concessionnaire Peugeot à Marseille.

Comme Evelyne n'est pas née sur le Territoire mais au Maroc et ayant vécue en Métropole de 1963 jusqu'en 1986 (année de son arrivée sur le Caillou) ; sa vision sur l'accessibilité, ici est sans concession. Au cours des échanges, nous parlerons dans un premier temps de son déplacement, dans un deuxième temps de l'accessibilité en générale.


Le DEFIPS : As-tu un fauteuil spécialisé?

Évelyne : Oui j'ai un fauteuil spécialisé, muni de vitesses et pouvant rouler jusqu'à dix kilomètres/heure. Mon fauteuil est considéré comme un véhicule motorisé. Même si il n'est pas nécessaire d'avoir de permis, c'est mon ergothérapeute et mon médecin à Marseille qui ont décidé que j'étais apte à rouler, seule, sur la route avec un fauteuil électrique. De plus je doit être assurée ce qui est loin d'être simple pour notre situation.
Juste pour info, mon fauteuil coûte la maudite somme de 2 million de francs (971 mille francs pris en compte par la CAFAT).

Le DEFIPS : As-tu besoin d'aide pour te déplacer et pour les actes de la vie de tous les jours?

Evelyne: Pour les actes de la vie de tous les jours, deux infirmières par jours s'occupent de mon quotidien. L'une d'entre elle est prise en charge par la CAFAT et l'autre par la Caisse des Français à l'Etranger (filiale de la sécurité sociale) pour tout Français vivant en dehors des départements. La Nouvelle-Calédonie, comme tout autre territoire d'Outre-Mer, étant sur le plan administratif et social considérée comme un pays étranger. La C.F.E est une assurance maladie volontaire.

Le DEFIPS: Pourquoi ne ne prends-tu pas les transport adaptés?

Evelyne : Je ne prends pas le transport adapté car je préfère conserver mes tickets pour les jours de pluie. Le nombre de transports étant limité, prendre le taxi adapté tous les jours revient trop cher pour une personne handicapée sur Nouméa en raison du montant de l'allocation perçue par celle-ci. Et puis un jour ou l'autre, je ne pourrais plus me déplacer seule avec mon fauteuil et là je reconnais que j'aurais besoin de ceux-ci tous les jours, mais bien sûr faut-il encore arriver à les obtenir.

Le DEFIPS : L'autonomie de ton fauteuil, te permet-elle de faire de longs trajets?

Evelyne : L'autonomie de mon fauteuil est de 25 kilomètres sur terrain accidenté et 40 kilomètres en terrain plat (goudronnage lisse, ce qui n'est pas le cas ici). Je peux donc parcourir de longs trajets, comme par exemple aller chez le kiné, au Faubourg Blanchot ou au 6ème km chez mes parents. Cependant il faut mettre mon fauteuil en charge toutes les nuits.

Le DEFIPS : Quels sont, pour toi, les lieux les plus risqués, lorsque tu te déplaces?

Evelyne : Pour moi, les lieux les plus risquer se situent dans le Centre ville car à mon avis: les trottoirs sont « plus que mal foutues », et les rues étroites.

Le DEFIPS : Comment trouves-tu l'accessibilité à Nouméa?

Evelyne : Et bien, tous les lieux dans Nouméa sont trop risqués. Je compare la Nouvelle-Calédonie à l'Australie car en Australie il y a beaucoup plus de lieux accessibles (trottoirs,boutique...etc) aux fauteuils roulants et aux personnes âgées. De plus, on peut dire que les gens ont plus de respect envers les personnes à mobilité réduite.
Selon moi,les Français sont « des gros râleurs ».

Le DEFIPS : As-tu une anecdote particulière par rapport au déplacement?

Evelyne : Oui, j'ai une Anecdote assez typique de la mentalité des Calédoniens: Devant le commissariat de Magenta, je me suis faite arrêter par la police national car il y a eu des plaintes déposées contre moi par des automobilistes. Il est vrai qu'ici la population n'est pas habituée à voir les gens comme moi circuler sur la chaussée. Mais je leurs ai fait savoir que vis-à-vis de la loi, mon fauteuil est aussi considéré comme un véhicule pouvant circuler sur la route! Il m'ont finalement laissés repartir en me disant de ne plus recommencer. Ça ne m'a pas arrêté (grand bien leur face) et j ai eu la surprise un jour qu'un policier m'interpelle pour s'excuser car j'avais bien raison.


Pour finir le petit conseil d'Evelyne :


Dans la vie il faut savoir se prendre en charge soi même « sinon tu peux toujours attendre ».


Pour conclure, nous souhaitons à Eveline encore quelques belles années de mobilité avec son fauteuil.